|
Une nouvelle semaine commence, après le confinement et les déclarations à tout- va de la part de nombreux responsables politiques, cette semaine prend un sens tout particulier. En effet, demain, Mercredi 27 Mai, Journée nationale de la Résistance, nous célébrerons la naissance du Conseil National de la Résistance et nous rendrons hommage à celles et ceux qui ont donné leur vie pour que nous puissions vivre heureux loin de la barbarie. Dans le Doubs, et tout particulièrement à Besançon, cette commémoration prend un sens tout particulier. En effet, à la Citadelle plus de cent résistants ont été fusillés. Cette journée de commémoration doit nous rappeler ce qu’est véritablement, la guerre, se battre pour simplement « vivre heureux ». La mémoire de ces sacrifices tranche avec le ton guerrier employé par le Président Macron, en effet n’est pas résistant qui veut. Alors demain pour se rappeler celles et ceux tombé.e.s, pour se souvenir du CNR et de ses avancées économiques, sociales, politiques (celles- la même que les gouvernements successifs s’attèlent à détruire), la Fédération du Doubs du Parti Communiste Français vous invite à assister la cérémonie organisée en bas de la Citadelle à 11h. Etant donné les circonstances, cette cérémonie sera diffusée en direct sur notre compte Facebook : https://www.facebook.com/PCF25/.
|
Lettre d’Henri Fertet, Lycéen, résistant FTPF fusillé le 26 Septembre 1943 à Besançon :
|
Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi. |
Vous ne pouvez savoir ce que, moralement, j’ai souffert dans ma cellule, ce que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule votre amour m’a manqué plus que vos colis et souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez vous douter de ce que je vous aime aujourd’hui, car avant je vous aimais plutôt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être après la guerre un camarade vous parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué. J’espère qu’il ne faillira pas à cette mission désormais sacrée.
|
Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi et particulièrement nos plus proches parents et amis. Dites-leur ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands-parents, mes oncles, tantes et cousins, Henriette Donnez une bonne poignée de mains chez M. D... Dites un petit mot à chacun..Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu’il m’a fait, honneur dont je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant mes camarades du lycée. À ce propos Hennemay me doit un paquet de cigarettes, Jacquin, mon livre sur les Hommes préhistoriques. Rendez le « Comte de Monte-Cristo à Emeurgeon, 3, chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice-Andrey de la Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.
|
Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon petit papa, mes collections à ma chère petite maman ; mais qu’elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois. |
-Je meurs pour ma Patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. Dans la vie il faut savoir cueillir le bonheur.
|
Pour moi ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout et je chanterai Sambre et Meuse parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a apprise.
|
Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. |
Sur « trois petits nègres » il en reste un. Il doit réussir. |
Les soldats viennent me chercher Je hâte le pas.
|
Mon écriture est peut-être tremblée, mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille !
|
Papa, je t’en supplie, prie. Songe que si je meurs c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous retrouverons tous les quatre, bientôt, au ciel |
Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs, |
Qui, après leur mort, auront des successeurs.
|
Adieu, la mort m’appelle. Je ne veux ni bandeau, |
ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur |
quand même de mourir. Mille baisers ! |
Un condamné à mort de 16 ans, |
Excusez fautes et orthographe, pas le temps relire. |
|
|
|